Les pratiques commerciales restrictives de concurrence sont des comportements adoptés par les entreprises pour fausser ou limiter le jeu normal de la concurrence sur un marché. Elles sont susceptibles d’avoir des conséquences néfastes sur l’économie, en particulier pour les consommateurs et les autres acteurs du marché. Cet article se propose d’analyser les différents types de pratiques restrictives, ainsi que le cadre juridique applicable et les sanctions encourues par les entreprises qui s’y livrent.
Les différents types de pratiques restrictives de concurrence
On distingue généralement deux catégories de pratiques restrictives de concurrence : les ententes (ou accords) anticoncurrentiels et les abus de position dominante. Les ententes anticoncurrentielles sont des accords entre entreprises concurrentes qui ont pour objet ou pour effet d’empêcher, de restreindre ou de fausser le jeu normal de la concurrence sur un marché. Elles peuvent prendre diverses formes, telles que la fixation de prix, la répartition des marchés ou des clients, et la limitation ou le contrôle de la production ou des investissements.
L’abus de position dominante, quant à lui, est le fait pour une entreprise en situation de domination sur un marché d’utiliser cette position pour adopter des comportements anticoncurrentiels. Cela peut se traduire par des pratiques telles que l’imposition de prix abusivement bas (ou élevés), la discrimination entre les clients, le refus de vente ou l’octroi de subventions conditionnées.
Le cadre juridique applicable aux pratiques restrictives de concurrence
Les pratiques restrictives de concurrence sont encadrées tant au niveau national qu’au niveau international. Dans l’Union européenne (UE), les principales dispositions légales se trouvent dans les traités constitutifs et dans la législation dérivée, en particulier le Règlement n° 1/2003 du Conseil et le Règlement n° 330/2010 de la Commission.
Les ententes anticoncurrentielles sont interdites par l’article 101 du Traité sur le fonctionnement de l’Union européenne (TFUE), qui dispose que « sont incompatibles avec le marché intérieur et interdits tous accords entre entreprises, toutes décisions d’associations d’entreprises et toutes pratiques concertées […] qui ont pour objet ou pour effet d’empêcher, de restreindre ou de fausser le jeu normal de la concurrence à l’intérieur du marché unique ».
L’article 102 du TFUE, quant à lui, prohibe l’abus de position dominante : « est incompatible avec le marché intérieur […] et est interdit, dans la mesure où cela pourrait affecter le commerce entre États membres, le fait pour une ou plusieurs entreprises d’exploiter abusivement une position dominante […] ».
Au niveau national, les législations des États membres prévoient généralement des dispositions similaires à celles du droit européen. En France, par exemple, les ententes et les abus de position dominante sont prohibés respectivement par les articles L420-1 et L420-2 du Code de commerce.
Les sanctions encourues par les entreprises en cas de pratiques restrictives de concurrence
Les entreprises qui se livrent à des pratiques restrictives de concurrence s’exposent à des sanctions, tant au niveau national qu’au niveau européen. Au niveau de l’UE, la Commission européenne, agissant en tant qu’autorité de concurrence, est compétente pour enquêter sur ces pratiques et pour infliger des amendes aux entreprises fautives. Les amendes peuvent atteindre jusqu’à 10 % du chiffre d’affaires mondial total réalisé par l’entreprise au cours de l’exercice précédant la décision.
Au niveau national, les autorités de concurrence des États membres (telles que l’Autorité de la concurrence en France) ont également compétence pour sanctionner les pratiques restrictives. Les sanctions peuvent inclure des amendes, mais aussi d’autres mesures correctrices telles que la cessation des pratiques anticoncurrentielles ou la modification des accords en cause.
Il convient également de mentionner que les entreprises qui subissent un préjudice du fait des pratiques restrictives de concurrence peuvent intenter une action en réparation devant les tribunaux civils ou commerciaux. La jurisprudence européenne et nationale reconnaît en effet le droit à réparation pour les victimes des infractions au droit de la concurrence.
Les moyens de prévention et de détection des pratiques restrictives de concurrence
Pour prévenir et détecter les pratiques restrictives de concurrence, les entreprises doivent mettre en place des dispositifs internes de compliance (conformité), adaptés à leur taille et à leur secteur d’activité. Ces dispositifs peuvent inclure la formation des employés aux règles du droit de la concurrence, la mise en place de procédures internes pour signaler les comportements anticoncurrentiels ou encore l’instauration d’un code de conduite.
Les entreprises peuvent également recourir à des audits internes ou externes pour vérifier le respect des règles de concurrence par leurs salariés et leurs partenaires commerciaux. La coopération avec les autorités de concurrence est également un moyen efficace pour prévenir et détecter les pratiques restrictives : en effet, dans certains cas, une entreprise qui dénonce une entente anticoncurrentielle à laquelle elle a participé peut bénéficier d’une immunité totale ou partielle en matière de sanctions (c’est ce qu’on appelle le programme de « clémence »).
Enfin, il est essentiel pour les entreprises qui souhaitent conclure des accords commerciaux avec d’autres entreprises de se faire conseiller par un avocat spécialisé en droit de la concurrence, afin d’évaluer les risques potentiels et de mettre en place des garanties juridiques appropriées.
Dans un contexte économique toujours plus concurrentiel, les pratiques restrictives de concurrence représentent un risque majeur pour les entreprises. Il est donc crucial pour celles-ci de se familiariser avec les règles du droit de la concurrence et de mettre en place des dispositifs internes efficaces pour prévenir et détecter ces pratiques, ainsi que pour coopérer avec les autorités compétentes en cas de besoin.